Son vision releve en demarche apophatique, ou via negativa, qui consiste a chercher a progresser, au savoir ou dans la pratique, en retirant ce qui nuit :
« Partant de ce principe qu’il reste plus facile d’eviter 1 defaut que d’acquerir une qualite, et qu’il y a autant de profit a etudier ce qui est en gali?re ecrit qu’a etudier cela est bien ecrit, j’ai ete conduit insensiblement, a travers les lectures, a dresser une sorte de recueil des principaux defauts de look, exageration d’ecoles, fausses doctrines, erreurs a la mode, tournures vicieuses, dereglements d’imagination ainsi que gout, negligences, phrases desagreables et autres locutions plus ou moins volontaires, qui font part de votre qu’on pourrait appeler le mauvais art d’ecrire. »
Meme les meilleurs auteurs commettent des maladresses, previent-il, ainsi, ils ne font souvent pas les meilleurs modeles pour nos aspirants ecrivains.
Faut-il ecrire comme on parle ?
Les opposants a l’enseignement du style affirment qu’il reste vain parce que l’ecriture exprime la personnalite. Il est certes Plusieurs manieres de bien ecrire, reconnait Antoine Albalat, mais nos lecteurs se mettent d’accord i propos des mauvais styles.
Claque meme que des auteurs pretendent rediger en s’emancipant des regles – ce qu’on appelle « desecrire » – prouve l’existence de regles. Si on pardonne aux Goncourt le style pretentieux, qualifie d’« ecriture artiste », avec lequel ils pensaient avoir revolutionne la prose francaise, on ne pardonne jamais a leurs imitateurs.
« vous devez avoir bien du talent, met en garde Antoine Albalat, pour se croire autorise a rompre avec tout ce qui fait l’esthetique et le genie d’une langue. Le torrentiel genie de Saint-Simon n’est aussi jamais arrive a detruire nos conditions eternelles de l’art d’ecrire, ordre, gout, harmonie, perfection, architecture, travail. »
Le type ordinaire suffira a exprimer des sensations des plus raffinees. L’effort litteraire devra donc servir a chercher avant bien la verite, la simplicite et le naturel qui caracterisent la parole.
Le style et les livres qui vieillissent
La totalite des dix annees, a peu pres, nos ecrivains lancent une nouvelle mode du style et rencherissent pour attirer l’attention. C’est Afin de cette raison, plutot que pour le manque de verite humaine, que leurs livres vieillissent daddyhunt avis vite.
Pour durer, une ?uvre doit etre ecrite au genie une langue et traiter de themes universels.
« Le seul moyen d’aller a J’ai posterite est de s’adresser a cette dernii?re, ainsi, non gui?re aux contemporains. Les contemporains donnent la notoriete. Notre posterite seule donne la gloire. »
Antoine Albalat distingue l’eloquence ecrite d’une prose, d’une part, ainsi, l’eloquence orale d’une conversation, d’autre part, car des causeurs des plus brillants seront souvent des ecrivains ordinaires, ainsi, inversement.
Mes deux eloquences sont toutefois intimement liees. Effectivement, l’ecrit vais garder forcement quelque chose de l’oral. Cela emane du beau style, en particulier, la simplicite et la familiarite de la langue parlee.
Montesquieu, notamment, ecrit avec bio :
« Je crois que si Caton s’etait reserve pour la Republique, il aurait donne aux choses un tout autre tour. Ciceron, avec des parties admirables Afin de un second role, est incapable de pallier ; il avait votre beau genie, mais une ame souvent commune. L’accessoire chez Ciceron c’etait la vertu ; chez Caton c’etait la gloire. Ciceron se voyait toujours le premier ; Caton s’oubliait forcement… »
Considerations sur les causes une grandeur des Romains et de leur decadence
J’ai simplicite est la marque des grands ecrivains, le pedantisme celle des mediocres ambitieux.
Mes dramaturges gagneraient, estime Antoine Albalat, a s’inspirer du genie de Moliere, qui ecrivait avec les mots les plus ordinaires une conversation.
« La conclusion, c’est qu’en prose et en par, theatre ou livre, dans les sujets les plus simples ou des plus releves, on ne doit peut-etre pas strictement ecrire tel on cause ; mais le style doit avoir le style parle, le style de quelque chose de trouve sur l’instant, qui semble evoque et non ecrit. C’est la condition meme une life chez l’ensemble des ecrivains et pour la totalite des styles. »
Le role des verbes au ton
Les verbes sont determinants dans la specialite de l’ecriture.
Un verbe « cree », c’est-a-dire original, qui surprend via son emploi – un tel verbe ameliore le type, tandis qu’un verbe banal l’affaiblit.
Exemple de verbe cree : « Seigneur, ce grace pleut via le pauvre comme dans le riche… » (Panegyrique de saint Pierre de Nolasque, Bossuet)
On doit eviter, d’un cote, de chercher l’originalite avec nos neologismes ; de l’autre, de repeter par facilite des verbes synonymes.
Moyen du verbe reste une dimension fondamentale du type.
Antoine Albalat deconseille :
- l’abus du passe simple, qu’il degote archaique (« Vous butes, crutes… rites de faire mes plaisanteries… ») ;
- l’emploi du meme temps libre Afin de une action tres ancienne et une action recente (il faudrait le passe simple Afin de la toute premiere, le passe compose pour la seconde) ;
- l’usage de l’imparfait d’un subjonctif (dont le respect a quasiment disparu au XIXe siecle), qui « deshonore le type ».
Quel principe general suivre ?
L’harmonie prime la stricte correction d’la grammaire.
D’apres Flaubert, les lois de l’harmonie paraissent des lois ultimes de l’ecrivain ; elles justifient qu’il rejette des prescriptions grammaticales de la langue francaise.
Antoine Albalat donne sa not-to-do list :
- ne point abuser de l’infinitif tel sujet (« Mourir sans secours est triste. ») ;
- empi?cher des auxiliaires « avoir » et « etre » ;
- eviter le verbe « faire » et ne point l’employer a la place d’un autre verbe (on peut souvent s’en passer) ;
- ne pas trop eloigner ce thi?me du verbe ;
- ne pas hesiter a repeter ce thi?me ;
- ne point abuser des participes presents (aussi si de grands ecrivains au ton efficace, tel Zola, paraissent coupables de cet abus) ;
- ne pas oublier le verbe (« Nul look, nul gout dans la majorite [des phrases], sans y daigner mettre votre verbe. » – Voltaire) ;
- ne point abuser, tel Zola (encore lui), du verbe « mettre » ;
- ne pas employer un verbe qui sonne tres en gali?re (ex : « vaincre » a l’indicatif).